Ressentir mes émotions est ma passion. J’aime plonger dans l’obscurité de mon âme, dénouer les nœuds émotionnels qui me bloquent sur mon chemin, comprendre le pourquoi du comment. J’en ai fait l’expérience d’assez nombreuses fois pour confirmer que ressentir, c’est libérer. Feel it to heal it.
Mais à force de pratiquer la conscience émotionnelle, j’ai compris qu’une émotion en surface peut cacher un véritable labyrinthe souterrain et tant que la croyance racine n’est pas conscientisée, l’émotion en surface continuera d’être là. Comme une alarme qui hurlera aussi longtemps que l’envahisseur sera dans les parages.
Et plusieurs fois, je me retrouve avec les mêmes peurs qui reviennent alors que je les pensais libérées, et les mêmes schémas qui se répètent.
Ce matin je décide de prendre le taureau par les cornes et trouver la sérénité par rapport à une relation professionnelle qui me pique le ventre encore et toujours.
C’est une personne que j’apprécie sincèrement mais aussi me terrifie. Appelons-la Julia. Dès que je pense à Julia, mon ventre se serre. Je me visualise toute petite à ses côtés et parfois recroquevillée sur moi-même dans un coin. Depuis le temps que je la connais, mon admiration pour elle n’a pas terni et ma peur n’a pas faibli. Sachant que ressentir ma part sombre (émotion négative) ne m’a pas aidée à m’en défaire, cette fois-ci je décide de me tourner vers son contraire (émotion « positive »).
D’accord j’ai peur. J’ai peur de la contredire, de la contrarier. Avec Julia, j’ai tendance à me soumettre, à acquiescer à tout ce qu’elle dit, à rire facilement, à soutenir ses idées. Surtout ne pas brosser les poils à contre-sens, surtout ne pas faire de vagues. La vraie question est : au-delà de la peur, quelle est l’envie motrice qui me pousse à agir ainsi ?
Une main sur le cœur et une main sous le nombril, je laisse la réponse venir. « J’ai envie de mettre Julia sur un pied d’estale ! ». L’énergie émotionnelle se libère du bas du ventre pour monter le long de la colonne. Dans mon troisième œil, je vois une lumière très blanche, aveuglante même. Les pensées s’enchaînent avec une émotion trop forte d’euphorie, de joie étrange. « Je veux qu’elle se sente super bien ! Je veux qu’elle se sente approuvée, validée, soutenue ! Julia Reine !!! » Je me vois très souriante, étincelante, trop contente. L’énergie circule pendant plusieurs minutes et mon ventre ne cesse de gargouiller.
Cette libération énergétique me permet de comprendre que mon envie si puissante de la voir grandiose a parallèlement créé une peur d’engendrer le résultat opposé, qui est donc de la fâcher.
J’ai envie de faire un rapprochement avec les phases maniaques du trouble bipolaire. Effectivement on retrouve les mêmes caractéristiques : euphorie, agitation, hyperactivité, délire de grandeur, estime de soi démesurée.
Je pense que nous avons tous des extrêmes dans nos émotions et qu’il est nécessaire de les ressentir. Il n’y a pas que les émotions « négatives » auxquelles nous devons donner de l’attention, mais aussi les « trop positives » qui débordent. Ces pensées qui vivent dans le fantasme, l’illusion, d’une réalité imaginée, ne sont pas ancrées les pieds sur terre. Elles peuvent créer de la souffrance, car elles produisent des attentes qui ne sont pas saines.
Encore une fois, cette expérience me permet de confirmer qu’il est important de trouver l’équilibre. Notre être profond s’épanouit dans le juste milieu, la confiance calme, la joie ancrée, la connaissance tranquille.
Pour finir, lors de cette libération émotionnelle, j’ai entendu ma voix intérieure me dire : « Si tu n’es pas dans l’équilibre, tu ne peux pas aider Julia à l’être. Si tu soutiens toutes ses idées, toutes ses émotions en allant dans son sens, tu ne l’aides pas à trouver son ancrage et sa juste vérité« .
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