Il y a quelques semaines, j’ai fait face à une énième impasse sentimentale. Je voulais apprendre à connaître quelqu’un qui ne partageait pas cette même curiosité.
Si vous me connaissez intimement, vous savez que je suis la Reine des amours non réciproques, des histoires qui ne décollent pas. Avec la mémoire de mes expériences passées, cet « échec » m’a submergée de tristesse, de colère et à l’origine de tout : un sentiment d’incompréhension insupportable. Pourtant très à l’écoute de moi-même, je pensais avoir suivi mon intuition. Hélas pas tout à fait. À la suite du rejet, je suis rentrée dans un trou noir existentiel où rien ne faisait sens. Dans cet abîme, je savais malgré tout, que mes questions avaient des réponses.
Pourquoi le désir existe-t-il en moi pour ne pas être satisfait ? Quel est le but de cette souffrance ? Comment est-ce possible que le désir puisse être plus fort chez l’un que chez l’autre ? Pourquoi ce décalage ? Ne dit-on pas « suis ton cœur » ?
J’ai fini par avoir mes réponses.
Ressentir le désir
Dans ce blog, je parle beaucoup de l’importance de ressentir ses émotions « négatives » (la peur, la colère, la tristesse, etc) mais une chose essentielle que j’ai apprise grâce à cette expérience a été l’importance tout aussi fondamentale de ressentir ses désirs (que nous pouvons à première vue qualifier de « positif » /agréable).
Les envies fortes qui émergent en nous sont des énergies qui demandent notre plus grande attention. Elles ne doivent ni être refoulées ni nous noyer. Dans notre société, la « noyade amoureuse » est complètement normalisée. Il n’est pas anormal de penser à l’autre de façon excessive, d’être dans une agitation euphorique, dans le fantasme absolu de l’autre, de rêver d’amour sans failles et de fusion amoureuse. Or c’est cette noyade amoureuse qui va provoquer chez nous une puissante incompréhension en cas de non-réciprocité.
Ressentir son désir en pleine conscience va nous permettre de nous libérer de cet état « second » où il est difficile de percevoir une situation de façon détachée, sans attentes.
Comment ?
Assieds-toi ou allonge-toi confortablement. Ferme les yeux pour mieux ressentir ce qui se passe à l’intérieur de toi. Pense à l’autre et ressens dans ton corps toutes les palpitations que cette pensée t’apporte. Ressens tout : projections amoureuses, joie, excitation, espoir, fantasmes, désir.
Prends le temps. Cela peut durer de longues minutes. Le plaisir va s’amplifier car tu y portes une attention entière. C’est à ce moment-là que tu réaliseras la puissance de ce désir qui existe en toi. C’est un exercice d’honnêteté envers soi-même.
Pour ma part, j’ai ressenti le désir dans mon chakra sacré, sous le nombril. J’ai réalisé que j’avais une envie forte d’être aimée et pas forcément d’aimer ! Plus que de vouloir donner, je voulais recevoir de la tendresse, de l’attention, de la passion.
Au bout d’un moment, tout va s’apaiser. La conscientisation par le ressenti nous guérit et va naturellement nous ramener à notre état originel de paix et d’auto-suffisance. Le calme intérieur nous permet d’accéder à nos réponses sans le vacarme mental.
De mon côté, je me suis sentie revenir à moi-même et me détacher de l’autre. La personne qui était dans mes pensées n’était qu’une énième « proie » à laquelle mon besoin d’amour essayait de se raccrocher. J’ai aussi eu l’évidence que mon vrai bonheur ne peut être menacé par quelqu’un d’autre et dépendre de ses actions.
Suivre son coeur
Au début, une des raisons pour lesquelles j’ai eu des difficultés à lâcher prise est la fameuse phrase : Suis Ton Cœur.
Je me suis donc dit que mon envie était exprimée par mon cœur et par conséquent me mènerait forcément à l’exaucement de mes souhaits. Je la considérais comme une guidance intérieure qui m’inspirait à agir dans la bonne direction. C’est pourquoi, lorsque j’ai reçu un « non » en réponse de la part de l’autre personne, je n’ai pas compris comment mon cœur avait pu me trahir (une nouvelle fois !).
J’ai fini par comprendre la différence entre nos envies et pourquoi certaines nous conduisent à bon port et d’autres… dans le fossé.
Nous avons deux types d’envies.
I – L’envie du cœur : une lumière qui nous guide
II – l’envie « basse » qui naît de nos vides : miroir de nos ombres
Commençons par l’envie que j’appelle « basse ». L’envie émerge dans les chakras inférieurs sous la poitrine. Mes envies de relation amoureuses venaient en réalité du chakra sacré dans le bas-ventre et je sentais l’énergie remonter du bas vers le haut.
C’est l’envie obsédante qui ne nous lâche pas. Elle a cette énergie particulière, envahissante, impétueuse et obstinée. Elle génère des pensées obsessionnelles et nourrit sans fin la machine à espoir. Il y a un sentiment d’urgence, de besoin immédiat à satisfaire, comme une question de vie ou de mort. Elle vient d’un manque à l’intérieur de nous, de nos insécurités, de nos blessures non résolues. Les relations amoureuses sont souvent chargées de ces envies basses. La dépendance émotionnelle, le besoin de fusionner avec l’autre ne sont pas des envies du cœur qui désire liberté, paix et équilibre.
L’envie du cœur est un murmure doux et paisible. Elle suggère sans forcer. Reliée à l’intuition, elle nous guide vers notre chemin le plus juste, le plus sincère pour notre âme. L’envie du cœur se ressent littéralement au niveau du cœur. Nous pouvons ressentir une ouverture au centre de la poitrine, un sentiment d’évidence tranquille, une joie lumineuse.
Cette écoute du cœur était justement ma pièce manquante. Lorsque je pensais à cette personne, l’envie était trop bruyante pour percevoir le vide dans mon cœur. En me libérant du filtre du désir, j’ai senti que cette personne n’était pas destinée à avoir une place importante dans ma vie. Je ressentais indépendamment de sa réponse à lui, que mon cœur ne me poussait pas vers sa direction. J’ai compris que son rejet avait aussi du sens pour moi. Je n’étais donc pas une victime impuissante.
Pour conclure, un amour non-réciproque semble incompréhensible, mais en vérité nous savons exactement pourquoi la relation est telle quelle. Il faut plonger au plus profond de son être, dans le silence et la paix, pour comprendre ce qu’une personne signifie réellement pour soi.
© photo Pexels – Nikolett Emmert
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