À chaque fois que le souvenir de cet oral de TPE me revenait en tête, une culpabilité immense m’agrippait. C’était un exposé en binôme, sur la Shoah (donc sujet très sensible) et l’enseignante qui nous avait noté avait été scandalisée par un détail lors de notre présentation. Un détail rajouté à la dernière minute qui avait été de mon idée… Elle nous avait passé un sacré savon, car selon elle, nous avions fait preuve d’irrespect. « C’est honteux ! » Je me souviens de m’être réfugiée dans les toilettes, avoir versé quelques larmes, avec le sentiment d’avoir été une très mauvaise personne.
Dix ans plus tard, cette culpabilité était toujours aussi vive.
Afin de mettre fin à ce fardeau émotionnel, j’ai laissé cette puissante culpabilité m’envahir entièrement. Je sentais la douleur vibrer dans mon plexus solaire.
Mes pensées virevoltaient « Tout est de ma faute. J’ai été irrespectueuse alors que je ne le voulais pas. Jamais ! Je n’oserai pas ! Ne me foudroie pas de ta colère... C’est une incompréhension. J’avais de bonnes intentions… »
Ensuite, une tristesse profonde est sortie des abysses. La petite fille en moi a pris la parole.
« Je suis mauvaise… Non, je suis une bonne fille. Je ne veux pas faire de mal, je suis venue sur Terre innocemment. Je suis venue pour aimer. »
Puis la colère a pris le relais et j’ai commencé à bouillonner de l’intérieur.
« C’est injuste ! Nous n’avions rien fait de mal ! Quelle réaction disproportionnée ! Donc il n’y a que toi qui aies raison ? Parce que tu en as jugé ainsi, nous avions tort ? C’est « moi je sais et toi ta gueule ! » ? Marre des figures d’autorité et de pouvoir ! Marre de subir ta colère sans broncher.«
Ma tempête intérieure s’est peu à peu calmée.
« Nous ne sommes pas là pour nous disputer… »
Soudain, une image m’a sauté à l’esprit. J’ai vu ma professeure comme une petite fille, un animal blessé qui vivait ses propres tourments. Une compassion pour sa colère a pris le pas et un profond soupir de soulagement a sonné le glas de mon voyage émotionnel en conscience. La boucle avait été bouclée.
Aujourd’hui, ce souvenir ne me tourmente plus. Et j’ai pu réaliser que je n’avais pas utilisé mon pouvoir de parole pour expliquer mes intentions et dénouer l’incompréhension entre nous. Cela m’a permis de me renouer à ma responsabilité et ne plus me considérer comme une victime sans ressources.
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