Vous savez quand une colère s’active au quart de tour, lorsqu’une remarque familière d’un proche nous enflamme en une seconde ? Il suffit de quelques mots, d’une phrase pour redémarrer le moteur infernal d’une colère à fleur de peau.
Lorsqu’il s’agit de ma santé, l’inquiétude de ma mère a le don de me faire sortir de mes gonds à vitesse éclair. Je passe de 0 à 40 en un temps record. Je ne vois pas la colère arriver, qu’elle me maîtrise déjà.
Ce soir, l’occasion n’a pas manqué et une fois seule, j’ai profité du pic de ma colère pour la ressentir en conscience avec l’intention de la libérer une bonne fois pour toutes. Pour cela, il faut que je plonge dans le noyau de mon émotion. Je laisse ma colère s’exprimer dans mes pensées, je la laisse exploser dans mon corps. Je dois être dans le ressenti intégral et non dans une rumination mentale détachée de mes sensations corporelles.
Ma colère était chaude, intense au niveau du bas ventre avec une sensation de tiraillement inconfortable. Je me visualisais crier STOP de toutes mes forces, fracasser le sol avec un marteau d’une tonne, suppliant ma mère de cesser de me répéter les mêmes choses qui ont le don de m’agacer. La scène a tourné en boucle dans ma tête de longues minutes avec une colère qui ne faiblissait pas. La colère s’est mêlée d’une tristesse de me sentir incomprise, qu’on ne voit pas mon cœur, mon âme, ma force profonde même si mes actions extérieures ne sont pas toujours les plus justes.
Puis au bout d’un moment, ma colère s’est brisée comme une coquille d’œuf qui se casse en deux et expose ses entrailles à l’air libre. Dans un soupir d’abandon, j’ai senti que je n’avais plus la force de lutter. Je n’en pouvais plus de me défendre, de convaincre, de vouloir prouver ma valeur. Je n’en pouvais plus de résister contre un courant contraire.
En lâchant mes armes, j’ai compris ma colère. J’ai compris que je voulais à tout prix que la vie aille dans mon sens, que les autres voient dans la même direction que moi, je voulais contrôler un monde extérieur indomptable. Finalement le plus dur n’est pas de se battre, mais de ne plus chercher à gagner.
Je suis ok qu’elle veuille de tout son cœur que j’agisse différemment.
Je suis ok qu’elle me pense têtue.
En fait, nous sommes deux grands égos qui se bagarrent, qui se cognent la tête à s’étourdir, à se rendre plus bêtes et inutiles. Ce que nous reprochons à l’autre, nous l’incarnons sans le voir.
J’abandonne la lutte, je n’ai plus rien à prouver. Ouf ça fait du bien.
© photo Pexels – Phil Kallahar
Laisser un commentaire